Pupput

Pupput

Article de Hanen Wertani, Conservateur du Patrimoine à l’INP

Localisation

La ville romaine de  Pupput, lieu-dit Souk El Obiod dès le milieu du XIXe siècle, se trouve à environ 70 km au Sud-Est de Carthage et à 3 km au sud de la médina actuelle d’Hammamet.

Aperçu historique 

Le nom romain de la ville est identifié au milieu du XIXe siècle grâce à deux inscriptions datant du début du IVe siècle, qui nous donnent la titulature de la Cité : « colonia Aurelia Commoda Pia Felix Augusta Pupput », qui est donc élevée au rang de colonie sous le règne de Commode entre 185-192.

Au début du XXe siècle plusieurs vestiges ont été dégagés par les officiers des 3e et 4e bataillons d’Afrique. Parmi ces vestiges, des temples, un amphithéâtre, quelques sépultures et plusieurs objets, transférés au Musée du Bardo.

 Avec le temps, ces découvertes furent délaissées et le lieu-dit Souk El Obiod a été entièrement abandonné jusque vers les années 1960, lorsque la ville d’Hammamet connut un grand essor touristique.

Les promoteurs s’emparèrent alors du petit village d’Hammamet et de ses environs pour édifier de grands complexes touristiques. Les travaux de construction de l’un des hôtels (le Samira Club) vont permettre aux services de l’Institut National d’Archéologie et d’Art (l’actuel l’institut national du patrimoine), d’intervenir sur le terrain pour dégager et sauver ce qui restait de l’antique Pupput.

 En 1995, le hasard de l’urbanisation dans la région a permis la découverte d’une nécropole romaine d’une richesse remarquable.

Actuellement, le parc archéologique de Pupput couvre environ quatre hectares, il renferme surtout quatre unités d’habitation et deux complexes thermaux hâtivement dégagés dans les années 1960.

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Le quartier de maisons et la nécropole de Pupput (Relevé topographique de Th. Leroy)

Monuments

La Maison du Triclinium en noir et blanc

Le cœur de la maison est occupé par un péristyle régulier constitué d’une colonnade qui entoure un viridarium dans lequel s’arrondit un bassin dont l’ouverture fait face au triclinium. Le sol des galeries du péristyle est entièrement recouvert d’un mortier de tuileau.

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Plan général du quartier des maisons de Pupput. D’après A. Ben Abed et M. Griesheimer, La nécropole romaine de Pupput, Rome, 2004.

Le portique nord du péristyle borde l’aile noble de la demeure qui est dominée par une grande salle d’apparat dont la composition de la mosaïque indique sa fonction de salle à manger ou triclinium. En effet le triclinium  est pavé de deux tapis imbriqués en mosaïque l’un en U l’autre en T.

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Pavement du triclinium en noir et blanc

 Le tapis en U, réservé aux banquettes, est formé d’une composition losangée d’octogones oblongs sécants et adjacents déterminant des carrés et des hexagones oblongs. Le tapis en T est réalisé par des octogones adjacents déterminant des carrés droits

Le triclinium est bordé au nord par deux petites pièces mitoyennes séparées par une très mince cloison, et communicant entre elles. L’une et l’autre sont pavées de mosaïque géométrique en noir et blanc, la première comportant une composition à base de svastikas et la deuxième est recouverte par des nœuds de Salomon.

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Plan de la maison du Triclinium, d’après les relevés de Ch. Peirce.

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Vue du pavement du triclinium en noir et blanc

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Vue de maison du Triclinium

La Maison du viridarium à niches

Située au sud-ouest du Parc de Pupput, la partie qui subsiste de la Maison du viridarium à niches se trouve actuellement dans l’enceinte de l’hôtel club Ben Tanfous. La construction de ce dernier a détruit toute la partie nord-ouest de la demeure alors que la partie sud-est est encore enfouie sous les remblais.

La configuration architecturale de la maison lors de la construction est datable de la seconde moitié du IVe siècle.

En effet le cœur de la maison est organisé autour d’un viridarium entouré d’absides de dimensions et d’orientations irrégulières, ne respectant aucun axe de symétrie.

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Plan de la maison du viridarium à niches (relevés de Ch. Peirce). D’après Mosaïque gréco-romaine IV, Paris, 1994, pl. CLXXI.

Le nombre de niches, leur diamètre et leur disposition semble résulter de transformations postérieures à la mise en place du plan d’origine, ce qui pourrait expliquer également l’irrégularité des portiques.

L’entrée dans la demeure se faisait par le côté ouest de la maison, et mène directement dans la galerie ouest du péristyle, ce qui n’est pas très courant dans l’architecture domestique romano-africaine. Huit ou même peut être neuf niches, s’arrondissent face aux espaces qui ouvrent sur les galeries du péristyle. Toutes les niches étaient ornées de mosaïque comportant soit des scènes marines soit des volatiles qui n’existent plus qu’à l’état de fragments.

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Vue générale de la Maison du Viridarium à niches (D’après A. Ben Abed)

L’Édifice du satyre et de la nymphe

L’Édifice du satyre et de la nymphe situé à proximité de la maison du triclinium en noir et blanc est daté de la fin du IVe siècle voire le début du Ve. En effet cet édifice est formé de deux parties : la partie est, particulièrement soignée, devait être réservée à un usage d’habitation et la partie ouest recouverte de sols utilitaires et dotée de citernes et de bassins destinée probablement à un usage artisanal.

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Plan de l’Édifice du satyre et de la nymphe

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Vue générale de l’Édifice du satyre et de la nymphe

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Vue du couloir en L pavé d’une mosaïque géométrique en noir et blanc, avec une pièce comportant un bassin et un départ d’escalier

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Vue des pièces

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Tableau représentant le satyre et la nymphe (D’après A. Ben Abed)

La Maison du péristyle figuré

La Maison du péristyle figuré date du troisième quart du Ve siècle. Elle se trouve à l’ouest de l’Édifice du satyre et de la nymphe, et couvre une superficie de plus de 750 m2. La maison est dotée de petits thermes privés, son entrée donne sur la même rue que celle de l’Édifice du satyre et de la nymphe.

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Plan de la maison du péristyle figuré

En réalité tout le plan de la maison est organisé autour du péristyle, dont le centre fut représenté un phare allumé, symbole de salut.

L’angle nord-est du péristyle permet l’accès à de petits thermes formés d’un frigidarium doté de deux bassins. Ce dernier permettait l’accès à trois salles chaudes disposées en enfilade.

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Dessin du décor mosaïqué du péristyle

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Vue des thermes de la maison du péristyle figuré

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Vue des thermes Mosaïque du frigidarium

Thermes du Cratère

Ces thermes, sont de taille moyenne mesurant 45 m de longueur et 35 m de largeur, comprenant deux parties.

A l’est, un ensemble de plusieurs salles sans aménagements thermaux et une grande aile composée d’une grande salle rectangulaire desservant trois espaces en  absides.

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Plan des thermes du Cratère Pupput, (d’après Ben Abed-Hanoune 2010)

A l’ouest se trouvent des bains à plan rectilign comprenant du sud au nord : une salle d’entrée servant de vestiaire et des latrines, une salle froide à deux bassins et décorée d’une mosaïque représentant un cratère où s’abreuve un oiseau, d’où vient le nom des thermes de Cratère ; puis une salle intermédiaire non chauffée et enfin, une enfilade de trois salles chaudes. Les espaces de services sont au nord et surtout à l’ouest.

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Vue de salle rectangulaire avec trois espaces absidés

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Mosaïque au Cratère du frigidarium

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Vue des thermes du Cratère

Les mosaïques funéraires d’une église de Pupput

Elles proviennent d’une église très mutilée, qui a été découverte vers 1965, dans l’emplacement d’un hôtel voisin appartenant à la zone touristique d’Hammamet sud, l’hôtel «Paradis», qui a été construit vers 1971. Le terrain avait été sondé avant la construction par les soins de l’Institut National du Patrimoine.

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Vue des épitaphes

Ces mosaïques sont exposées dans le site archéologique de Pupput, où elles sont accrochées à un mur et sont visibles depuis de nombreuses années pour tous les visiteurs.

La nécropole romaine de Pupput

 En 1995, des projets immobiliers engagés sur des terrains situés à 300 m au nord de la zone protégée, a permis la découverte d’une nécropole romaine d’une richesse remarquable.

Depuis 1996, l’Institut national du Patrimoine a permis de fouiller une surface de 5000 m2 et de dresser un plan continu des sépultures, des mausolées et des enclos. Actuellement, près de 1300 tombes distribuées dans quelque soixante dix enclos ou serrées dans des aires ouvertes ont été répertoriées, et un peu plus de 400 ont été fouillées en 1999-2000.

D’après les fouilles extensives, la nécropole de pupput est sans doute la principale de la cité. En outre, Ces fouilles ont permis d’engager l’étude du développement et de l’organisation topographique à l’époque impériale d’une nécropole africaine, et d’en suivre l’évolution des formes sépulcrales et des pratiques rituelles.

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La nécropole romaine de Pupput

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La nécropole romaine de Pupput

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La nécropole romaine de Pupput

Bibliographie

  • Ben Abed – Ben. A propos de la maison du triclinum en noir et blanc de Pupput, quelques documents inédits. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1990, 1992. pp. 167-168.
  • Aïcha Ben Abed, «L’Édifice du satyre et de la Nymphe de Pupput», VIe Colloque de la Mosaïque gréco-romaine, Guadalajara, 1994, p. 239-252.
  • Aïcha Ben Abed, « Les maisons de Pupput (Tunisie) », CRAI, vol. 150, n°1, 2006, p. 509–534.
  • Aïcha Ben Abed et Noël Duval, « Les mosaïques funéraires d’une église de Pupput (Hammamet, Tunisie) », Antiquités africaines, 33, Aix-en-Provence, CNRS, 1997, p. 165–190.
  • Aïcha Ben Abed, Michel Bonifay et Marc Griesheimer, « L’amphore maurétanienne de la station 48 de la place des Corporations, identifiée à Pupput (Hammamet, Tunisie) », Antiquités africaines, 35, Aix-en-Provence, CNRS, 1999, p. 169–175.
  • Aïcha Ben Abed et Marc Griesheimer, « Fouilles de la nécropole romaine de Pupput (Tunisie) », CRAI, vol. 145, n°1, 2001, p. 553–592.
  • Aïcha Ben Abed et Marc Griesheimer [sous la dir. de], La nécropole romaine de Pupput, Rome, École française de Rome, 2004 (Collection de l’École française de Rome, 323 ; Recherches d’archéologie africaine publiées par l’Institut national du patrimoine de Tunis) (ISBN2-7283-0691-5)
  • Aïcha Ben Abed, Roger Hanoune, « Des bains à l’huilerie : la fin des thermes du Cratère à Pupput (Tunisie) », Africa Romana, 37, 2, 2010 (I luoghi e le forme dei mestieri e della produzione nelle province africane. Atti del XVIII convegno di studio, Olbia, 11-14 dicembre 2008), pp. 987-994.
  • Roger Hanoune, « L‘Hippias ou Le bainde Lucien », In: Topoi, volume 18/1, 2013. pp. 315-331.

 

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Ali DABBAGHI
Ali DABBAGHI

Ingénieur Général spécialiste des systèmes d'information et de communication, مهندس عام في نظم المعلومات والاتصالات General Engineer information and communication systems

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